Les Heures perdues de Pierre Barthès, répétiteur en Toulouse,

Septembre [1754]

Bénédiction des cloches de la Daurade

Le 6e de ce mois après midy, les cloches ayant été montées comme j'ay dit, et suspendues en quarré au milieu de l'église, une estrade en bois ayant été pratiquée pour les mettre à hauteur d'appuy pour leur donner la bénédiction avec plus de facilité, le R. P. Dom Chapus, prieur claustral de l'abbaye, fit la cérémonie de les bénir en présence de tout le Parlement en corps, invité dés la veille par un programme circulaire envoyé à chacun de ces messrs, ce qui servit aussy de billet d'entrée à ceux qui en obtinrent pour assister à une action telle qu'on n'avoit plus veu dans Toulouse, soit pour la quantité des cloches au nombre de 15, soit pour la présence des personnes respectables qu'on avoit invitées, soit aussy pour l'affluence extraordinaire qui y étoit.

Programme d'invitation faite au Parlement

Augustissimo Senatui Tolosano
Capitulum Beato Maria Deaurato addictissimum
Patres conscripti
Benevolentia desideratissimi
Per manus vestras, Deo optimo maximo
Almo Deiparo Calitibusque aliis postulat, optat et ambit
Dare, Dicare, Devorere
Aenea concentibus modulala supremis melos edentia ora
Pio nec non obsequentissimo favens annuens voto
Adesse dignabitur et proesse insignis senatorius ordo
Anno salutis M.DCC.LIV
Die sexta mensis septembris hora secunda pomerdiana.

Traduction du programme

A l'auguste Parlement de Toulouse,
messieurs ou pères conscripts, très grands en dignité, remarquables par la piété, et dont la bienveillance est digne du choix de tout le monde. Le très soumis et dévoué chapitre de Notre Dame de la Daurade souhaite, désire et recherche avec ardeur de consacrer, dédier et dévouer par vos mains au Seigneur Dieu très grand et très bon, à la Vierge Marie et aux autres habitans du Royaume céleste, ces bouches d'airain (les cloches) cadancées sur les tons les plus harmonieux pour chanter des hymnes avec mélodie. Le très illustre ordre des sénateurs daignera s'il luy plaît en se rendant aux vœux et pieux et soumis, assister à cette cérémonie et y tenir la première place. L'an du Salut 1754, le 6 septembre à deux de l'après midy.

Volume 4, pp. 19-21.